23.05.20 Souloise Mekong & Hungaro (161)

Dangers en packraft : 3 pièges à connaitre

Quand on débute en rivière, il est important de savoir que c’est un milieu naturel non-aseptisé et sans aménagement. Il peut y avoir des dangers qui mettent en péril la vie du pratiquant de packraft. Ici on présente les 3 plus gros dangers en rivière qui peuvent rester cachés mais qui risquent d’être mortels.

En connaissant les dangers, c’est possible de les éviter et profiter en toute sécurité. Il y a des dangers qui sont évidents : on peut parfois voir des chutes ou cascades qui nous semblent impressionnantes. Instinctivement on peut imaginer le résultat de tomber dedans. Le bruit et la puissance de l’eau vont surement aider à nous démotiver d’embarquer juste au-dessus.

Ici on présente les 3 plus gros dangers en rivière qui peuvent rester cachés mais qui risquent d’être mortels. Justement, du fait qu’ils peuvent être moins impressionnants fait que le risque est plus important.

Les Siphons
 

Un des obstacles très dangereux que nous pouvons rencontrer sur une rivière sont les siphons. Un siphon est un obstacle qui empêche l’eau de couler en surface mais qui permet le passage par dessous. L’eau va pousser les objets qui flottent dans l’eau sous la surface où ils peuvent rester bloqués. Si l’objet est une personne, elle ne pourra plus respirer et cela entrainera un risque de noyage. Il peut y avoir des siphons qui permettent le passage mais on déconseille fortement d’essayer ! Il ne faut pas oublier que la force de l’eau est énorme et que lutter contre le courant est extrêmement difficile.

Il existe des siphons naturels, formés par la chute de blocs. Une rivière sera plus ou moins susceptible de présenter des siphons en fonction de la géologie locale. Par exemple, la Drôme qui présente un lit de galets ne présentera (presque) pas de siphon. D’autres parcours, comme le canyon du Verdon, sont réputés par leur présence.

Il existe aussi des siphons artificiels, souvent liés aux aménagements d’hydroélectricité ou captation d’eau. Parfois ces structures peuvent être cassés ou dégradés, laissant passer l’eau au travers d’une partie de la structure. Certains barrages où l’eau coule sous la surface, vont siphonner fortement. C’est pour cela qu’il faut faire extrêmement attention dans les environs des installations de régulation d’eau. En période de crue, certains ponts peuvent devenir submergés et présenter un risque important aussi.

Comme vous pouvez l’imaginer, un siphon agira différemment en fonction du débit sur le cours d’eau. Avec des débits faibles il est peut-être possible de passer en dessous car il reste assez d’air en dessous de la surface pour permettre de passer. Aussi par débit très importants, l’obstacle entier sera submergé et nous pourrons passer librement sur le tout sans même le voir. En revanche il y aura une plage de débit dans laquelle le siphon deviendra dangereux ; un débit trop faible pour le couvrir et trop fort pour empêcher le passage libre.

Pour reconnaitre un siphon, il faut regarder attentivement l’eau en amont de l’obstacle : quand l’eau est forcée par le courant contre un obstacle, cela va créer une petite vague ou bourrelet en surface qui indique qu’elle ne peut pas avancer. Si par contre il n’y a pas de vague et que la surface parait calme, il y a des chances qu’une partie soit en train de couler sous la surface. Depuis l’autre côté c’est possible de voir l’eau qui sort, formant des marmites ou mouvements d’eau verticaux.

Ci-dessous: un bloc siphonant sur la Souloise et un siphon vue en aval sur la Roanne. On voit bien l’eau qui sort de dessous. 

Les rappels

 

Les rappels sont un vrai danger sur la rivière et une des causes de mortalité liés au manque de danger apparent. Un rappel est un mouvement d’eau en surface crée par une chute plus ou moins verticale. L’eau tombant va créer un mouvement de recirculation avec un trou ou dépression sur la surface de l’eau proche de la chute. Les objets en surface qui flottent ne pourront pas sortir de la zone de recirculation et seront secoués par l’eau qui arrive d’en haut. Plus le rappel est grand, plus la zone de recirculation sera large et il sera difficile de s’en sortir.

En plus, l’eau est fortement airée suite à la chute et sera beaucoup moins dense. Cela fait que les objets auront du mal à atteindre la surface. Malgré votre gilet ça peut être difficile d’arriver assez proche de la surface pour respirer.

Comme les siphons, il existe de rappels naturels et artificiels. Dans les deux cas il s’agit d’une chute plus ou moins verticale qui tombe dans une piscine assez profonde pour que le mouvement de recirculation se produise. En fonction de la forme de la chute, il est possible qu’il y ait des zones de faiblisse où la recirculation est plus faible : un objet finira par être expulsé. Si un rappel est régulier sur toute sa longueur, il sera encore plus dangereux, car il n’y aura aucune chance de se faire rejeter. C’est pour cela que les rappels artificiels sont souvent les plus mortels. Un barrage qui déverse sur toute la largeur de la rivière présentera un rappel uniforme et homogène. En plus, les berges seront souvent verticales, empêchant la sortie. Les barrages à rappel, présents sur des rivières très faciles sont un vrai danger.

Comme le siphon, un rappel sera plus ou moins dangereux en fonction du débit. A faibles niveaux il n’y aura pas assez d’eau à la réception pour que la recirculation soit importante. Le risque plus important sera l’impact après la chute. Avec plus d’eau il y aura des conditions propices à la formation du rappel qui deviendra de plus en plus puissant avec le débit. A partir d’un certain volume, l’écart de hauteur de la chute deviendra plus faible et le rappel commencera à disparaitre et la surface du cours d’eau deviendra lisse. 

Reconnaitre un rappel n’est pas facile, il faut de l’expérience. Pour cela, si vous débutez, évitez les chutes verticales, surtout si elles sont artificielles. Ensuite, petit à petit vous pourrez commencer à étudier les mouvements d’eau au point d’impact de la chute pour voir s’il y a une recirculation en surface qui est dangereuse. Ça peut être difficile de voir cette recirculation donc méfiance. Plus la chute est haute et qu’il y du débit, plus il y aura de chance qu’il y ait un rappel. En amont, comme toute chute, si vous ne voyez pas la réception sortez pour la reconnaitre.

Les embâcles 

Un embâcle c’est littéralement un tas de branches et d’arbres qui s’accumulent dans la rivière suite à une crue ou un glissement de terrain. On les voit souvent sous les ponts, coincés contre les piles, ou dans les drossages des rivières alpines. Leur particularité est de permettre le passage de l’eau mais d’attraper les objets flottants. Le terme anglais « strainer », qui veut dire passoire, donne une image très claire du danger : rester coincé contre l’objet sans pouvoir bouger, écrasés par le courant. Si à un moment donné la personne passe sous la surface, c’est comme un siphon, avec très peu de chances de sortir par l’autre côté.

Les passoires naturelles sont souvent des arbres, mais n’importe quel objet coincé dans la rivière qui fait le même effet peut supposer un danger : grillages, filets, câbles…. L’existence d’embâcles est une réalité sur beaucoup de rivières alpines, qui vont avoir un débit variable en fonction de la saison. C’est aussi vrai pour les rivières soumises aux crues torrentielles comme les moussons ou les fontes de neiges. Parfois les arbres ne sont pas tombés par les éléments mais ont été coupés. Il y a deux animaux qui peuvent le faire : les hommes et les castors. Ces derniers vont ronger la base des arbres pour justement créer des tas d’arbres qui deviendront leurs gîtes. En tant que pagayeur, attention aux castors !

Reconnaitre un embâcle c’est facile, si vous voyez des arbres ou des branches dans la rivière, il faut s’inquiéter ! Il ne faut pas oublier qu’il peut y en avoir d’autres sous l’eau, et qu’un tronc submergé aura des branches perpendiculaires. En cas de doute, sortez pour porter autour. Le repérage sera obligatoire pour certains parcours engorgés où le passage sera impossible en cas d’obstacle. C’est toujours une bonne idée d’emporter une scie pliable dans le groupe, cela permettra d’enlever les dangers pour ceux qui suivent. 

Ci-dessous: portage et embarquement avec embâcle intégrale sur la Drôme, deux arbres en travers sur le Bez et le travail du castor! 

L’anticipation

Le mot clé pour tous ces dangers est l’anticipation. Malgré l’existence des techniques de sauvetage pour réagir en cas d’accident, ça sera peut-être trop tard. Les conséquences étant lourdes, l’objectif principale sera de ne pas retrouver piégé et éviter l’obstacle.

L’anticipation d’un danger en packraft aura trois phases pour réaliser une sécurité préventive :

  • Avant d’embarquer : avoir les informations sur le parcours est un très bon moyen pour éviter les dangers. Si nous savons qu’il existe un barrage à rappel à la moitié de la descente, nous aurons moins de chances de nous faire surprendre. Si le risque est très important, peut-être qu’il vaut le coup d’aller ailleurs. Consultez les topos et demandez des renseignements aux clubs et acteurs locaux.
  • Avant d’arriver : reconnaitre visuellement et savoir à quoi s’attendre sera primordial pour s’arrêter en amont et avoir la possibilité de faire une analyse sur le terrain. Pour cela il faut avoir les compétences techniques pour s’arrêter et communiquer avec ses coéquipiers. 
  • Avant de franchir : Ici on parle de réperage visuel, en cas de danger on ne navigue pas « a vue » depuis l’embarcation. La dernière étape sera clé pour anticiper la ligne à prendre ou si on décide de porter ; si nous avons vu un obstacle en rive gauche, nous avons peut-être largement la place de passer sur la droite en toute sécurité.

Des questions? Envie d’en savoir plus? Si vous voulez progresser sur l’eau et la maitrise de l’eau vive, vous pouvez contacter votre club plus proche, des guides indépendants ou venir au Packraft Festival! 

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